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Quelques souvenirs du camp de Ritsona


Un grand merci à Nathalie Edot pour cette traduction pour les francophones de mon dernier blog.

Jusqu’à ce moment précis où je me trouve assise dans l’avion à moitié chemin de la maison, je n’ai pas pu écrire sur la situation du camp où je me trouvais en Grèce. Je ne sais toujours pas si cela est possible.

Comment décrire les terribles conditions et toute la souffrance que j’ai pu voir? Comment décrire ce que cela doit être d’attendre, jour après jour, en essayant de survivre, attendre que quelqu'un vienne vous expliquer pourquoi vous êtes ici à patienter, comment vous devez faire une demande d'asile ou comment vous pourrez retrouver et réussir à réunir votre famille en Europe ?

Pour la majorité des réfugiés dans ces camps, ils n’ont eu aucuns contacts avec les autorités Grecques ou l’UNHCR, aucunes explications, aucunes consignes ne leur ont été communiquées sur ce qu’ils doivent faire ou les démarches qu’ils doivent entreprendre.

Chaque camp est différent. En général, les autorités Grecques essaient de fournir le minimum nécessaire pour survivre : trois repas par jour, une sorte d'abri et un approvisionnement minimum vital en eau, mais le gouvernement est débordé et mal organisé. C’est encore plus difficile pour les malades, les handicapés, les femmes enceintes et les personnes psychologiquement handicapées qui sont très vulnérables, fragiles et qui par le manque de recensement et d'aide sont en grand danger.

Quelque part c’est probablement plus facile pour les femmes. Elles occupent leurs journées à veiller sur les enfants à s’organiser à nettoyer leur tente, leurs vêtements ou encore en cuisinant occasionnellement un repas quand elle reçoivent de la nourriture fraîche par l’équipe des volontaires. Mais on peut ressentir et voir le désespoir sur le visage des hommes qui ne peuvent pas subvenir aux besoins de leur famille et qui ont passé des heures à faire la queue juste pour obtenir un repas ou une tasse de sucre pour le thé de la journée. Comment imaginer leur frustration et leur tristesse ? Comment ne peuvent-ils pas croire qu’il y a un refus complet par l'Europe de répondre à leur appel à l'aide ? Quelles seront les séquelles ? Les jours passent et nous pouvons voir leur patience diminuer qui laisse petit à petit place à de la violence de plus en plus évidente.

Les enfants? Les centaines de très jeunes enfants n’ont aucunes aires de jeux après des semaines dans les camps, pas d'école.

Ils errent seuls et l'ennui rend souvent la vie difficile à la fois à leurs parents et aux volontaires. Les adolescents rêvent d’avoir une vie normale comme chaque jeune voudrait et ce qui devrait être un droit.

Des histoires tragiques sont signalées. Il y a une semaine une adolescente qui se trouvait dans un autre camp s’est pendue. Dans le camp de Ritsona, une jeune fille désespérée a tenté à plusieurs reprises de se suicider,

Mais je ne peux pas évoquer mes impressions sans mentionner encore une fois les incroyables bénévoles. Ceux qui, jour après jour pendant des semaines ou parfois des mois apportent un moment d’apaisement d’affection, tendent la main, distribuent de la nourriture et des vêtements. Ils visitent les réfugiés dans leurs tentes afin de prendre connaissance de leurs besoins. Il y a aussi ceux qui mettent en action des idées brillantes pour résoudre des problèmes dans le camp ou construire des structures qui manquent comme une bibliothèque sous une tente pour les enfants, une mosquée pour les pratiquants, l'installation WIFI, donnent des cours de langue et c’est ainsi que quelques-uns des projets voient le jour dans Ritsona . Il y a même un projet de réaliser un jardin potager si le puits qui est en cours de réhabilitation fournit assez d'eau pour tous les besoins du camp. Je ne vais certainement pas oublier non plus les jeunes volontaires à Athènes qui ont ouvert un bureau pour aider les réfugiés à leurs demandes d'asile.

Je me rapproche de Toulouse et de la maison, en pensant à tous les réfugiés, les amis que j'ai fait et ceux que je n'ai pas eu la chance de rencontrer.

Je pense aussi à tous ceux qui ne n'ont pas eu ma chance d'avoir un passage en toute sécurité d'un endroit à un autre. J’avais peur de prendre l’avion mais maintenant je suis reconnaissante de pouvoir le faire. Je pense à tous ces gens qui se trouvent à Ritsona, à Oinofyta dans l'ancien aéroport olympique, aux 54 000 milles hommes, femmes et enfants qui vivent dans des conditions précaires en Grèce et qui ne peuvent pas simplement s'envoler comme moi, Nous sommes qu’un, nous sommes semblables, et pourtant nos vies sont très, très différentes.


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